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Communiqué sur la circulaire Retailleau

Le RAAR dénonce la circulaire de Bruno Retailleau, un texte aux relents xénophobes

Le 23 janvier, le ministre de l’intérieur a envoyé aux préfets une circulaire nocive. Il s’agit de « maîtriser des flux migratoires, en particulier par la lutte contre l’immigration irrégulière », d’éviter toute « menace à l’ordre public » et de renforcer le « niveau d’exigence » imposé aux personnes étrangères résidant en France pour régulariser leur situation.

Dès son préambule, le texte associe l’immigration à une menace à l’ordre public. Cette rhétorique permet de parler d’une population hétérogène, issue de parcours divers, de tous âges et de toutes conditions, comme d’un « flux ». C’est le registre de la « vague », et c’est aussi celui de la « submersion » mobilisé par le Premier ministre François Bayrou quelques jours plus tard.

Les textes antérieurs conditionnaient déjà les régularisations à des motifs stricts (motif familial, économique, d’âge ou de scolarité). La circulaire Retailleau veut rendre les conditions plus dures : il faudra résider 7 ans sur le territoire français (au lieu de 5 ans aujourd’hui, ou 3 ans à titre exceptionnel), signer un contrat d’engagement à respecter les « principes de la République » et maîtriser la langue française, ce qui laissera les préfectures libres de tout arbitraire. Même les demandes de réfugié·e·s pour raisons humanitaires ou familiales, de parents d’enfants scolarisé·e·s, de conjoint.e.s de personnes en situation régulière français·e·s, seront davantage refusées. Parmi les personnes visées, beaucoup travaillent dans le nettoyage, la logistique, la restauration ou les services à domicile, ou autres « métiers en tension » pour lesquels les employeurs peinent à recruter, sans que soient reconnus leurs droits fondamentaux. Ce texte menace de les précariser davantage, favorise l’emploi illégal, le sans-abrisme, les risques sanitaires, les violences faites aux femmes et aux enfants, la déscolarisation.

Aucune étude scientifique n’établit de liens de causalité entre l’immigration et la délinquance. Retailleau s’est justifié par des chiffres non avérés et un discours de désinformation. À l’évidence, sa circulaire ne défend ni le vivre-ensemble ni les principes républicains, mais flatte les exigences xénophobes de l’extrême-droite.

Le RAAR exprime à nouveau sa solidarité avec toutes les personnes victimes de racisme, y compris quand il se traduit par des persécutions administratives. Il n’y a pas de crise migratoire en-dehors de celle que provoquent le nationalisme, le repli sur soi et l’acharnement sécuritaire. Mais il y a une crise de l’accueil : c’est pourquoi il faut assurer des conditions d’existence dignes pour toutes les personnes résidant en France, et faciliter largement leurs parcours de régularisation.