Alerte à l’Assemblée nationale : pour la première fois, le RN obtient une majorité sur un texte
Marine Le Pen jubile.
Son parti est parvenu à faire voter un texte de résolution dénonçant l’accord franco-algérien de 1968, issu des conditions de l’indépendance de ce pays et de la guerre terrible que la France y a mené. Les accords d’Evian de 1962, qui avaient mis fin à cette guerre, prévoyaient une libre circulation entre les deux pays. Mais des restrictions successives ont progressivement mis en cause cette possibilité, tout en maintenant des conditions particulières pour les Algérien·nes ainsi que pour les Franco-Algérien·nes né·es en France. La multiplication des mesures restrictives dans le domaine de l’immigration a facilité cette nouvelle remise en cause des accords de 1968. Sébastien Lecornu va jusqu’à appeler à la « renégociation » de ces accords tout en préparant de nouvelles restrictions à l’attribution de l’Aide médicale d’État aux migrant·es sans-papiers.
Le texte a été adopté à une voix près, grâce au soutien des Républicains (LR) et des députés Horizons d’Édouard Philippe. Trop de député·es de gauche, et surtout massivement de député·es macronistes, qui devaient en principe s’opposer au texte du RN, étaient absent·es, alors même qu’ils/elles savaient parfaitement que ce vote allait intervenir. Parmi les présent·es, certain·es député·es macronistes se sont abstenu·es ou ont refusé de voter.
«C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN», s’est évidemment félicitée Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée nationale. Sa satisfaction est d’autant plus grande que le sujet du texte voté renvoie à la longue tradition de défense de l’Algérie française par l’extrême-droite.
La scandaleuse décision des député·es Horizons choisissant de mêler leurs voix à celles du RN représente une rupture grave du « Front Républicain », que le camp macroniste prétend traditionnellement défendre.
Il y a quelques semaines à peine, ce même camp avait déjà passé un accord avec le RN sur la répartition des postes au bureau de l’Assemblée nationale permettant l’élection de 2 vice-présidents de ce parti.
Or, l’immense majorité des députés Horizons (27 sur 34) et Républicains (32 sur 50) doivent leur élection en 2024 au Front républicain.
Lors de l’élection législative partielle du 5 et 12 octobre dans le Tarn-et-Garonne, Bruno Retailleau (président de LR) a appelé à « ne pas voter pour la gauche », alors que le second tour opposait une candidate socialiste à un représentant du parti d’Éric Ciotti, allié du RN. Ce dernier a d’ailleurs remporté l’élection.
Ces événements illustrent clairement les passerelles de plus en plus nombreuses et affichées entre la droite LR et l’extrême droite.
Ainsi le 29 octobre, Valérie Boyer, sénatrice LR, a attaqué Yaël Braun-Pivet en faisant allusion au trope antisémite du Juif déraciné, citant Maurice Barrès, symbole nationaliste et antisémite, auteur de Les Déracinés.
Elle a déclaré : « Yaël Braun-Pivet a estimé que l’héritage n’était pas sain. Hériter, c’est recevoir un effort accumulé. L’héritage est un enracinement, il est aussi moral et culturel. « Le déraciné se croit ouvert alors qu’il est vide », disait Barrès.»
La normalisation du RN représente un grave danger face à un parti raciste et antisémite qui bénéficie de la poussée mondiale de l’extrême-droite.
Nous appelons à une grande mobilisation contre le RN et ses idées.
Les organisations de la gauche associative, syndicale et politique doivent organiser ce sursaut afin de barrer la route au RN et à ses alliés.
Plus que jamais, il est temps de relever la tête, et de faire bloc contre la banalisation de l’extrême droite.