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Contre l’appel des intellectuels « solidaires du gouvernement Netanyahou »

Nombre d’appels sont publiés ces derniers mois à propos des événements en cours depuis le 7 octobre. Celui qu’ont produit le 31 mars des « intellectuels juifs et non-juifs solidaires du gouvernement Netanyahou » sur le site Atlantico* est particulièrement nauséabond.

Sa fonction principale est de s’attaquer aux intellectuel·le·s qui doutent de la politique actuelle du gouvernement israélien et la dénoncent, considérant, entre autres, que cette politique est un danger mortel pour les Juif·ve·s d’Israël. Ce faisant, l’appel développe une haine des Arabes et des musulman·es en contradiction totale avec les principes « démocratiques » dont il se fait le prétendu défenseur. Par ailleurs, le texte déploie une rhétorique digne de l’extrême-droite : complotiste (on apprend que des intellectuel·le·s juif·ve·s français·e·s fomenteraient un « coup d’État » en Israël!), sexiste (à bas le « chœur des pleureuses » dénonçant la situation à Gaza!), populiste (haro sur les « super-bobos faisant fi de la volonté du peuple d’Israël » !) et militariste (vive Tsahal!). A cela s’ajoute un dévoiement pitoyable de l’accusation d’antisémitisme, qui vise ici principalement des intellectuel·le·s… juif·ve·s se préoccupant de la situation du peuple palestinien.

Le RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) est composé de non Juif·ve·s et de Juif·ve·s qui pensent que les luttes contre l’antisémitisme et les autres racismes doivent être solidaires, surtout dans cette période de montée d’une extrême droite dont le passé témoigne qu’elle rejette autant les Juif·ve·s que les Arabes. Les dresser les un·e·s contre les autres est une honte et une catastrophe.

Nous avons condamné les assassinats et les viols du 7 octobre, que nous caractérisons comme le plus important massacre antisémite depuis la Shoah. Nous continuons dans nos textes de rappeler ce moment. Mais nous dénonçons aussi l’action menée par l’armée israélienne à Gaza qui donne lieu à un massacre et à une catastrophe humanitaire. Une action qui fragilise la position de l’État d’Israël dans le monde, et donc compromet l’avenir de cet État au Moyen-Orient.

Le chemin de la paix passe par la reconnaissance de la possibilité pour les peuples israélien et palestinien de vivre tous les deux sur cette terre. Il suppose, dans l’immédiat, le cessez-le-feu à Gaza.

Paris, le 15 avril 2024

Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR)