À propos de la polémique sur l’exposition « Juifs d’Orient » à l’Institut du Monde Arabe

Pour la première fois depuis sa création, l’Institut du Monde Arabe (IMA) consacre une exposition aux Juif.ves d’Orient.
Dans son sillage, des débats, des rencontres, mais aussi des concerts comme celui de la chanteuse israélienne Neta Elkayam venue chanter en arabe et en berbère. Cette initiative a provoqué une polémique. Nous considérons qu’elle est dangereuse.
Le reproche fait à l’IMA d’avoir emprunté 6 pièces de l’exposition sur 280 à des musées israéliens ou le procès fait à une artiste qui chante dans la langue de ses ancêtres marocains sont injustes. Certaines dénonciations de la collaboration de l’IMA avec des institutions culturelles ou des artistes israéliens flirtent avec la mise en exception antisémite, comme celle qui laisse entendre que la relation que les Juif.ves entretiennent avec Israël serait source d’antisémitisme. Neta Elkayam a été interpellée sur la politique de son gouvernement, ce qui n’est pas fait pour les artistes d’autres pays.
Ainsi, parmi toutes les nationalités invitées à l’IMA, seul.es les Israélien.nes seraient complices de l’action de leur gouvernement ?
L’ambiguïté de ces déclarations, loin d’être un soutien à la cause palestinienne, l’affaiblit en renforçant ses ennemis. L’exposition ne fait obstacle ni au rappel des injustices et des discriminations infligées hier et aujourd’hui au peuple palestinien tant en Israël que dans les territoires occupés, ni aux critiques légitimes à adresser à la politique des gouvernements israéliens.

Cet événement culturel œuvre au rapprochement entre les populations juives et arabes en leur restituant une mémoire commune.
C’est pourquoi le RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) s’élève contre la campagne d’hostilité à cette exposition. Cette campagne ne peut qu’exacerber l’antisémitisme.