Le RAAR interpelle Médine
Le rappeur Médine a cru bon de réagir à l’insulte de Rachel Khan (« Tout le monde critique l’invitation de Médine à l’université d’été d’EELV, alors que c’est une très bonne idée pour l’atelier traitement des déchets ») par l’utilisation d’une formule à caractère antisémite, la qualifiant de « resKHANpée ». Face à la polémique déclenchée par cette dernière sortie, Médine s’est excusé tout en se déclarant plus que jamais désireux de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie.
S’il souhaite vraiment être crédible, Médine doit cependant également revenir sur sa position concernant la quenelle antisémite, qu’il a pratiquée publiquement en 2014 et qui figure toujours sur sa page Facebook. En effet, il minimise aujourd’hui encore la signification ainsi que la gravité de ce geste, par l’interprétation complaisante qu’il en donne.
Lors d’une soirée portant sur les discriminations organisée par Mediapart le 23 mai dernier (voir lien ci-dessous), Médine a été directement interrogé sur son geste de 2014. Sa réponse a été consternante. Il a en effet prétendu que la quenelle avait au départ un sens de « révolte », mais qu’ensuite des « récupérateurs » lui avaient donné un sens négatif, antisémite, Dieudonné ayant finalement validé cette dernière interprétation. Cette reconstruction des événements est problématique. Dès l’origine, la quenelle avait bel et bien une signification antisémite et homophobe : il s’agissait, selon Dieudonné, de sodomiser les « sionistes », c’est-à-dire les juifs, en leur enfonçant la quenelle « dans le fond du fion ». C’était le message de la « liste antisioniste » lors de la campagne pour les élections européennes de 2009, avec Dieudonné en vedette et tête de liste, suivi du néo-nazi Soral et de Yahia Gouasmi, financeur de la campagne au nom du pouvoir iranien qu’il représentait. D’ailleurs, l’affiche de campagne de cette liste ouvertement antisémite comportait le portrait de Dieudonné en train de faire une quenelle.
De plus, Jean-Marie Le Pen, l’homme du « détail des chambres à gaz » et grand ami de Dieudonné, s’est fait photographier tout sourire en train d’exécuter une quenelle en octobre 2013, avec Bruno Gollnisch. Peut-on lutter contre le RN en continuant à banaliser un geste de reconnaissance ouvertement antisémite, revendiqué par le père de Marine Le Pen ? Peut-on déclarer s’engager dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie, comme le revendique Médine, et manifester la moindre indulgence ou proximité avec Dieudonné, qui vient encore d’accorder une interview haineuse et antisémite au journal Rivarol, tribune des pétainistes et des négationnistes ? Dieudonné, qui a dès 2008 fait applaudir le négationniste Robert Faurisson sur la scène du Zénith, doit être enfin reconnu pour ce qu’il est depuis longtemps : un agitateur d’extrême-droite antisémite qui lutte non pas pour l’égalité, mais contre les juif-ves. De même, la quenelle ne saurait être vue aujourd’hui comme un simple geste-défouloir, mais doit être reconnue pour ce qu’elle est depuis le début : le symbole d’une rébellion conformiste à caractère antisémite et homophobe, dirigé contre la prétendue « domination juive/sioniste mondiale », et dont la reproduction ne peut que nuire aux luttes pour l’émancipation.
C’est pourquoi le RAAR, qui combat l’antisémitisme et tous les racismes, d’où qu’ils viennent, interpelle Médine et lui demande de s’expliquer sur son geste et ses prises de position passées et présentes. Nous souhaitons que les responsables des universités d’été d’EELV et des AMFIS de la LFI exigent également de lui qu’il fasse toute la lumière sur son engagement contre l’antisémitisme.
Ce communiqué est porté à la connaissance de Médine et des directions d’EELV et de LFI.
Paris, le 19 août 2023
Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR)