Nous devons combattre la propagande antisémite de Zemmour
Appel « à une mobilisation
contre la propagande raciste et antisémite de Zemmour
Rappelant l'historique des propos antisémites d'Eric Zemmour et ses antécédents dans l' « occultation de l’horreur génocidaire », des membres du RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) appellent « à une mobilisation contre la propagande raciste et antisémite de Zemmour et du Rassemblement national ».
Le patronyme de Zemmour ne nous intéresse pas, contrairement à Jean-Marie le Pen, qui lance, goguenard : « La seule différence entre Éric et moi, c’est qu’il est juif, Il est difficile de le qualifier de nazi ou de fasciste. Cela lui donne une plus grande liberté. » Zemmour est un fasciste. Depuis des années, il répand les idées de l’extrême droite, qui porte en elle le racisme et l’antisémitisme comme les nuages la pluie.
Dès 2014, dans Le suicide français, il tente de réhabiliter Vichy et Pétain, qui auraient contribué à « sauver » des Juifs français. Cette illustration de sa « préférence nationale » fut la ligne de défense de Pétain à son procès. Les historiens ont démonté ce mensonge. Mais, au-delà, demeure l’obscénité de ce débat, qui occulte l’horreur génocidaire. Car on ne peut discuter tranquillement de la « légitimité » d’envoyer à la mort des enfants et leurs parents, quelles que soient leurs origines.
Depuis, Zemmour a continué de recycler et d’amplifier les attaques antisémites de l’extrême droite : suspicion quant à l’innocence du capitaine Dreyfus, défense de l’attitude de Papon pendant l’Occupation et dénonciation de son procès ; critique de la loi Pleven de 1972, qui pénalise racisme et antisémitisme et de la loi Gayssot contre le négationnisme de la Shoah ; rejet du discours du Vel d’Hiv de Jacques Chirac, reconnaissant en 1995 la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs.
Dans son livre Destin Français (titre emprunté à l’opuscule de Doriot paru en 1943, « Le destin français »), Zemmour écrit à propos du mot « Shoah », inspiré du film de Lanzmann : « Un mot hébreu à la place d’un vocable français, pour mieux enraciner le caractère à la fois unique et juif du génocide qui devint un élément central – parfois obsessionnel – de la psyché juive, faisant des Juifs français une caste d’intouchables, et du génocide la nouvelle religion obligatoire d’un pays déchristianisé ».
Il poursuit en stigmatisant une « communauté juive » fonctionnant comme un « lobby » « sous l’égide de la finance américaine, soudée derrière un État étranger, faisant bloc pour défendre ses intérêts, et suffisamment puissante pour faire céder l’État ». Ces mots sont ceux de l’antisémitisme, quels que soient ses locuteurs.
Dans son dernier livre, Zemmour n’hésite pas à s’en prendre aux victimes de Mohammed Merah, les familles Monsonego et Sandler :
« La famille de Mohamed Merah a demandé à l’enterrer sur la terre de ses ancêtres en Algérie, on a su aussi que les enfants juifs assassinés devant l’école confessionnelle à Toulouse seraient eux enterrés en Israël. Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré. Assassins ou innocents, bourreaux ou victimes, ennemis ou amis, ils voulaient bien vivre en France, faire de la garbure en France ou autre chose, mais pour ce qui est de laisser leurs os, ils ne choisissaient surtout pas la France, étrangers avant tout, et voulant le rester par-delà la mort ». Au fond, dit Zemmour, le massacre de Toulouse implique des populations qui, « assassins ou innocents », ne sont pas de chez nous et cette affaire ne concerne pas les « vrais Français ».
L’alliance entre la haine et la « loi du marché » des médias a promu des Dieudonné, Soral, Ramadan, et Zemmour. Unis dans la haine de l’Autre. On se souvient que Zemmour soutint la « liberté d’expression » de Dieudonné contre « la gauche et ses élites politiques qui ont fait de la Shoah la religion suprême de la République »… De même qu’il envoya des mots doux à Ramadan : « J’aime nos débats francs et virils comme des matchs de foot. Amitiés. Embrassade. ». Il jeta le doute sur les accusations de viol à son encontre, considérant l’argument de « l’emprise » comme une « trouvaille des féministes pour criminaliser l’homme, bourreau éternel ».
La stigmatisation permanente et violente des musulmans, des réfugiés, des mineurs étrangers isolés, des « jeunes des banlieues », la misogynie, l’homophobie, n’ont guère refroidi ceux, nombreux à droite, qui ne lui reprochent au fond que l’outrance de sa parole.
Le « Grand Remplacement », théorisé par Renaud Camus et qui fut pour l’assassin de Christchurch un permis de tuer, constitue un thème largement partagé par la droite identitaire.
Si certains reprennent aujourd’hui le credo de « l’identité nationale » et du « refus de la repentance » pour l’esclavage et la colonisation, peut-on oublier que cet argument fut de tout temps celui de l’extrême droite ? Qu’il se déploya d’abord contre la mémoire de la Shoah, accusée de faire de l’ombre au roman national ?
La propagande de Zemmour justifie le combat du Réseau d’actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), dont l’engagement est d’affronter l’antisémitisme d’où qu’il vienne, en l’inscrivant dans la lutte contre tous les racismes.
Nous appelons à une mobilisation contre la propagande raciste et antisémite de Zemmour et du Rassemblement national. Nul ne peut esquiver ce combat fondamental.
Signataires :
Albert Herszkowicz, Brigitte Stora, Robert Hirsch, Philippe Corcuff, Nicolas Dessaux, Memphis Krickeberg, Jacques Lewkowicz, Claudie Freydefont, Daniel Aptekier-Gieliebter, Jonas Pardo, Sarah Finkel, Philippe Campos, Léa Cohen, Philippe Chamek, Martine Leibovici, Valérie Geandrot, Anne d’Aste Blanc, Nicolas Dessaux, Danielle Taranto ; membres du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR)