
Quand l’extrême droite recycle les vieux clichés antisémites
Si pour certains, l’extrême droite est devenue le camp politique qui combat l’antisémitisme, il nous semble important de pointer les vieux réflexes nauséabonds.
Sur la couverture du JDNews du 21 septembre 2025, on voit Patrick Cohen – portant un nom d’origine hébraïque et mis en avant parmi d’autres journalistes visés par l’article – tenir une télé sous le bras. Le titre principal annonce « Le Scandale des intouchables », accompagné du sous-titre : « Ils donnent des leçons et complotent avec la gauche… avec vos impôts ».
Cette couverture propage une vision du monde antisémite, héritée des Protocoles de Sion et des discours qui dépeignent les Juifs comme des prédateurs privilégiés dominant les médias. Elle recourt à des codes visuels et textuels qui activent ces préjugés profondément ancrés.
L’accusation de « comploter » s’inscrit dans la tradition des théories du complot antisémites. Ces dernières dépeignent les Juifs comme manipulant secrètement la société, via les médias notamment.
Cette approche paraît d’autant plus problématique quand on sait que la bollosphère pratique elle-même un positionnement éditorial unifié visant à renforcer son influence, réduisant ainsi la pluralité des voix dans ses éditions.
Le terme « intouchables » suggère également une élite au statut privilégié. Dans ce contexte, intentionnellement ou non, cela peut faire appel à des idées de contrôle de la société et/ou des médias. L’ironie veut qu’on puisse lire ça sur un média sous le contrôle de Vincent Bolloré.
Cette couverture révèle l’hypocrisie fondamentale des médias d’extrême droite qui, tout en prétendant défendre les citoyens juifs contre un antisémitisme réel ou prétendu de gauche, reproduisent eux-mêmes cette vision du monde antisémite millénaire.
En détournant le sujet initial vers une accusation conspirationniste accompagnée d’une imagerie évoquant le « contrôle des médias », ils démontrent que leur préoccupation pour l’antisémitisme n’est qu’un instrument politique visant à discréditer leurs adversaires.
Cette contradiction témoigne d’un manque de culture antiraciste authentique : la lutte contre l’antisémitisme ne peut être sincère lorsqu’elle est détournée à des fins partisanes par ceux-là mêmes qui perpétuent, consciemment ou non, les préjugés qu’ils prétendent combattre.