
Sonia Dahmani, avocate tunisienne emprisonnée arbitrairement et maltraitée doit être libérée
Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse tunisienne, a commencé une grève de la faim le 31 mars 2025 qu’elle a suspendue au bout de quelques jours après avoir obtenu de haute lutte une visite de son père. Ses conditions d’incarcération à la prison des femmes de la Mannouba sont sordides.
L’eau du robinet est rouillée et toxique. Les familles n’ont pas le droit de faire passer des bouteilles d’eau. Pas de pain, pas de lait. Pendant un an Sonia Dahmani n’a eu aucun repas chaud. Souffrant de détresse respiratoire, elle n’a pas pu consulter un médecin.
Elle n’a pas accès aux médicaments et subit des humiliations répétées.
Ramla Dahmani, sa sœur, a écrit : ” est-ce qu’ils veulent la tuer » ?
Le 7 mai 2024, Sonia Dahamni a fait un commentaire ironique sur la situation migratoire en Tunisie en répondant à l’intervention d’un journaliste affirmant que les migrants africains cherchaient à s’installer en Tunisie, référence à la théorie du « Grand remplacement » diffusée par le pouvoir. Son commentaire a été que la Tunisie n’était pas un pays si magnifique pour que les gens veuillent s’y installer.
Le 9 mai, sans avoir été informée d’aucun motif, elle refuse de se rendre à une convocation du juge d’instruction et demande son report. Le juge réplique en délivrant un mandat d’arrêt, moyennant quoi, le 11 mai, sous l’oeil des caméras de télévision, des policiers masqués viennent s’emparer d’elle avec brutalité au siège de l’Ordre national des avocats de Tunisie.
Le 10 septembre 2024, elle est condamnée à 8 mois de prison pour son commentaire à la télévision et le 25 octobre, à 2 ans pour avoir un jour dénoncé l’existence de cimetières et de bus séparés pour les noirs en Tunisie, sentence qu’un appel a ramené à 18 mois le 25 janvier. Sonia Dahmani ayant dénoncé, de sa prison, les conditions générales de détention dans les prisons tunisiennes, la ministre de la justice a porté plainte contre elle.
Toutes les accusations portées contre elle le sont sur le fondement du décret-loi 54 du 13 septembre 2022, relatif aux « fausses informations », qui a déjà permis l’arrestation et l’emprisonnement de journalistes, d’avocats et de militant·e·s.
Pour toutes ces affaires, auxquelles il faut en ajouter trois autres, Sonia Dahmani risque dans les 20 ans d’emprisonnement.
Le RAAR demande que soit mis fin aux conditions inhumaines de détention de Sonia Dahmani. Elle a besoin d’un suivi médical, d’un accès aux produits de première nécessité et a droit à des visites.
Il exige sa libération immédiate et se joint à la mobilisation internationale pour la sauver.
Le RAAR appelle à la libération de tou·te·s les militant·es antiracistes et prisonnier·ères d’opinion détenu·es en Tunisie.